Dinah Murray et Wendy (Wenn) Lawson

Chapitre dans Inclus ou exclus?, Routledge (2007) [notez que les liens Web vont principalement vers des versions archivées de pages pertinentes]
Mary Warnock (2005) soutient que « lâinclusion nâest pas une question dâendroit oĂč vous ĂȘtes gĂ©ographiquement, mais dâoĂč vous vous sentez Ă votre place » (pp.41-2). Nous suggĂ©rons que pour un enfant, sentir, jour aprĂšs jour, quâil nâappartient pas, Ă©quivaut Ă se sentir rejetĂ©. Ray Baumeister (2005) identifie les consĂ©quences du rejet comme suit : lâautorĂ©gulation dĂ©motivĂ©e (y compris les coups de fouet, le manque de coopĂ©ration et les comportements autodestructeurs) et les Ă©motions engourdies. Il demande : « Compte tenu des effets dramatiques Ă court terme du rejet, quels seraient, selon vous, les effets Ă long terme du rejet chronique ? » et « Y a-t-il des gens qui ne seront pas dĂ©rangĂ©s dâĂȘtre rejetĂ©s ou exclus… Ou lâaversion pour le rejet social est-elle universelle ? » Il poursuit en affirmant que « les cultures occidentales modernes sâintensifient », tandis que « les cultures collectivistes rĂ©duisent », les sentiments de non-appartenance ou de rejet. Dans cet article, nous relions lâargument de Baumeister Ă la question de lâinclusion et de lâexclusion de lâĂ©ducation, et suggĂ©rons que les ordinateurs et Internet ont permis aux cultures inclusives ou collectivistes de rĂ©apparaĂźtre dans la vie occidentale moderne, dont les enfants ayant des difficultĂ©s autistiques peuvent bĂ©nĂ©ficier de nombreuses façons.
Pour les personnes nĂ©es dans la derniĂšre partie du XXe siĂšcle, la familiaritĂ© et la compĂ©tence avec les ordinateurs, les appareils photo numĂ©riques, les scanners, les imprimantes, Internet et le courrier Ă©lectronique peuvent ĂȘtre des aspects essentiels du sentiment dâappartenance. Tous les enseignants savent quâil peut sâagir dâoutils dâapprentissage, et nous explorons diverses façons dont ils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s comme outils pour promouvoir lâinclusion.
La baronne Warnock observe Ă juste titre : « … sâils sont scolarisĂ©s dans des Ă©coles ordinaires, de nombreux enfants [autistes] ne sont pas inclus du tout. Ils souffrent de toutes les douleurs de lâĂ©tranger permanent. Aucune idĂ©ologie politique ne devrait leur imposer cela ». (p. 45)
Comme tout le monde, les enfants autistes ont besoin de se sentir Ă leur place (voir la revue de 2000 de Leary et Baumeister sur la recherche sur le « besoin dâappartenance » universel). Mais ces enfants ont tendance Ă ne pas comprendre le point du domaine social (dans le mĂȘme laps de temps) que les enfants en dĂ©veloppement typique. Au moment oĂč ils lâont fait, sâils le font, ils sont susceptibles dâĂȘtre dĂ©jĂ identifiĂ©s par dâautres enfants comme nâappartenant pas et risquent de devenir des parias traitĂ©s avec mĂ©pris ou hostilitĂ©. Comme le dit Warnock, ils peuvent ĂȘtre victimes dâintimidation quâils ne comprennent pas. Gunilla Gerland, une femme autiste trĂšs compĂ©tente et intelligente, dĂ©crit (1997) comment, lorsquâelle a commencĂ© Ă lâĂ©cole secondaire, elle est devenue la cible dâintimidation et de violence physique qui ont durĂ© des annĂ©es. Lâun des garçons lui a dit que lui et dâautres allaient la battre tous les jours. Elle rapporte que lorsquâils manquaient une journĂ©e, elle allait leur rappeler. Ce nâest que des annĂ©es plus tard quâelle a compris ce qui sâĂ©tait passĂ©.
La relation complexe et dynamique entre la communication, lâinterprĂ©tation et lâattente sociale a Ă©tĂ© notĂ©e par des philosophes de Rousseau Ă Wittgenstein. La conversation va constamment au-delĂ des rĂšgles strictes du sens littĂ©ral et de la logique conditionnelle de la vĂ©ritĂ©. Les gens ont un sens les uns des autres en assumant la rĂšgle gĂ©nĂ©rale selon laquelle chaque participant contribue Ă un intĂ©rĂȘt commun (qui est constamment renĂ©gociĂ©). Sans cette hypothĂšse de fond, les informations non explicites risquent dâĂȘtre manquĂ©es et la mĂ©taphore, le sarcasme et les blagues sont susceptibles dâĂȘtre dĂ©routants ou insensĂ©s. Un enfant autiste est susceptible de prendre les mots au pied de la lettre et pourrait ne pas « comprendre » lâintention proposĂ©e par le sens non littĂ©ral. Si vous ne comprenez pas les rĂšgles pragmatiques, les gens autour de vous nâauront pas beaucoup de sens. De lâabsence de comprĂ©hension de ces rĂšgles Ă lâexclusion de la communautĂ© dâintĂ©rĂȘts immĂ©diate, il nây a quâun pas Ă faire. De telles exclusions pratiques dans des environnements scolaires thĂ©oriquement inclusifs sont monnaie courante.
Ce qui constitue lâintĂ©rĂȘt commun varie dâun moment Ă lâautre et dâune culture Ă lâautre; mais la force de lâobligation est constante au sein de toute communautĂ© dâintĂ©rĂȘts (aussi transitoire soit-elle). Nous suggĂ©rons que les possibilitĂ©s de contribuer Ă des intĂ©rĂȘts communs sont essentielles pour acquĂ©rir le sentiment dâappartenance qui est au cĆur de lâinclusion (ce que nous avons vu est un besoin humain universel (Leary et Baumeister, 2000).
Le premier sentiment dâappartenance des enfants vient gĂ©nĂ©ralement de lâexpĂ©rience dâun intĂ©rĂȘt Ă long terme au sein de la communautĂ© de leur famille immĂ©diate. Comment ces minuscules humains inarticulĂ©s peuvent-ils apporter une contribution Ă cette communautĂ©? Au cours des premiers mois, les soignants font gĂ©nĂ©ralement passer les intĂ©rĂȘts des bĂ©bĂ©s en premier. Ils essaient de se brancher Ă©motionnellement sur les bĂ©bĂ©s, de suivre le regard des bĂ©bĂ©s et dâutiliser des mots constamment, sâexclamant et nommant les objets dâintĂ©rĂȘt des bĂ©bĂ©s. Ils traitent chaque intĂ©rĂȘt que le bĂ©bĂ© montre comme un intĂ©rĂȘt commun; ils le partagent activement. On ne sâattend pas Ă ce que le bĂ©bĂ© soit Ă lâĂ©coute des intĂ©rĂȘts du soignant Ă ce stade de dĂ©veloppement, mais il ne faudra pas longtemps avant que cela cesse dâĂȘtre vrai. Le bĂ©bĂ© rĂ©pond dâabord aux Ă©motions de ses soignants, puis Ă la direction de leur regard, et enfin Ă leurs paroles (Stern 1985, Bruner 1983). Maintenant, au lieu que le bĂ©bĂ© soit le dictateur de tous les intĂ©rĂȘts communs, le bĂ©bĂ© constatera que dâautres utilisent des mots pour dicter de nouveaux intĂ©rĂȘts (voir Gernsbacher 2005 et Murray 1986). Lorsque le bĂ©bĂ© joue avec des blocs, lâadulte peut lâinterrompre avec des exclamations sur les chats, les chiens ou les papillons, si et quand ceux-ci entrent en scĂšne. Câest peut-ĂȘtre le premier moment dâaliĂ©nation sociale pour certains enfants autistes : le moment oĂč le sentiment dâappartenance Ă une communautĂ© dâintĂ©rĂȘt commun est dâabord menacĂ©.
Les problĂšmes auditifs aggravent souvent les difficultĂ©s de traitement du langage parlĂ©. Pour aggraver les choses, lâeffort de dĂ©ployer la parole et dâessayer dâarticuler assez clairement pour que les autres comprennent est souvent Ă©norme pour les personnes autistes, et souvent infructueux et peu gratifiant. A. M. Baggs, qui est autiste, Ă©crit :
« Ne me lancez pas sur lâimportance Ă©motionnelle que certains dâentre eux ont accordĂ©e Ă lâĂ©coute de lâair passer Ă travers mes cordes vocales â une importance qui est plus profondĂ©ment blessante pour moi quâils ne peuvent probablement lâimaginer. Jâai Ă©tĂ© capable de communiquer â de communiquer et de savoir ce que je dis, et dâattacher des mots Ă ce que je pense, et Ă toutes sortes dâautres choses que je nâai pas toujours Ă©tĂ© capable de faire â avec lâutilisation dâun clavier. Cela a eu un impact positif sur ma vie qui ne peut ĂȘtre surestimĂ©. Mais dâautres personnes… ont souvent eu une rĂ©action Ă©motionnelle plus manifeste en mâentendant faire des bruits avec ma bouche quâen me regardant taper. Jâai Ă©tĂ© fĂ©licitĂ© pour avoir parfois fait des sons absurdes » (de ballastexistenz, Ă ballastexistenz.blogspot.com).
Avoir les intĂ©rĂȘts des autres imposĂ©s Ă lâun, sans nĂ©gociation apparente, est susceptible dâĂȘtre un problĂšme persistant pour la plupart des personnes autistes. Les personnes atteintes dâautisme ou du syndrome dâAsperger sont souvent accusĂ©es dâimposer leurs intĂ©rĂȘts insensibles aux autres, mais aprĂšs des annĂ©es de rĂ©ception, il peut ne pas ĂȘtre Ă©vident pour elles que cette pratique est socialement dĂ©sapprouvĂ©e. Pour une personne autiste, le rĂ©sultat est susceptible dâĂȘtre des sentiments dâaliĂ©nation et de nĂ©gativitĂ© qui dĂ©motivent les tentatives dâĂȘtre inclus dans la sociĂ©tĂ© des autres, et peuvent mĂȘme dĂ©sactiver la parole (Lawson 1998). Ătre dĂ©motivĂ© de cette maniĂšre nâest pas la mĂȘme chose que de ne pas vouloir dâengagement social; le besoin est toujours lĂ , mais le sentiment dâappartenance ne lâest pas – et sa possibilitĂ© peut ne pas sembler Ă portĂ©e de main. Nous devons nous engager avec les intĂ©rĂȘts des personnes autistes pour que cette connexion mutuelle se produise, sans toujours nous attendre Ă ce quâelles soient guidĂ©es par les prĂ©occupations que nous priorisons.
Bien que nous ne proposions pas lâutilisation dâordinateurs comme un ticket magique pour lâinclusion, cette utilisation peut rĂ©soudre plusieurs problĂšmes difficiles pour les enfants autistes. Les enfants autistes peuvent socialiser plus efficacement dans lâenvironnement structurĂ© dâun ordinateur. Sur un ordinateur, chaque frappe donne un signe visible dâelle-mĂȘme afin que la mise au point prĂ©cise du courant puisse toujours ĂȘtre identifiĂ©e. Les partenaires ou compagnons amicaux peuvent identifier et apprĂ©cier le but de ce qui se passe; lâenfant autiste peut observer ces compagnons crĂ©ant les mĂȘmes types dâeffet. Le respect mutuel et mĂȘme lâempathie peuvent Ă©merger. Nous avons souvent observĂ© cela se produire.
On peut penser que lâutilisation de lâordinateur rendra les enfants autistes moins sociaux. Cependant, ce nâest pas le cas. Au contraire, cela peut les mettre sur un pied dâĂ©galitĂ© avec leurs pairs, leur permettant de traiter et de rĂ©pondre aux communications Ă leur propre rythme avec un minimum de problĂšmes pragmatiques, expressifs ou auditifs qui les gĂȘnent. Cela leur donne une chance de faire une impression favorable sur leurs pairs et de gagner leur respect. Il offre des opportunitĂ©s de crĂ©ativitĂ© ainsi que dâexpertise, et permet une interaction confortable autour dâun intĂ©rĂȘt commun, Ă la fois en personne et Ă distance.De plus, les ordinateurs peuvent ĂȘtre le seul moyen de communiquer efficacement pour ceux qui trouvent la parole ingĂ©rable. Lâapprentissage des compĂ©tences informatiques en soi coche les cases du programme dâĂ©tudes, et il peut ouvrir un moyen dâexplorer dâautres domaines du programme dans un environnement favorable. Lâapprentissage en ligne peut ĂȘtre une voie vers lâacquisition de toutes sortes de qualifications.
Un Ă©cran dâordinateur est Ă©galement un excellent moyen de montrer des images, et beaucoup dâenfants autistes, mais pas tous, lâapprĂ©cient. Mais il ne faut jamais remplacer lâĂ©crit par des images, mĂȘme si lâon est convaincu que lâenfant en question est « non verbal ». Devenir verbal est souvent un processus fragmentaire pour les enfants autistes. Il est crucial de fournir des possibilitĂ©s dâaccĂ©der Ă un langage non parlĂ© avec une aide visuelle telle que des photographies, des symboles et des mots Ă©crits rĂ©els que les enfants peuvent traiter Ă leur propre rythme. Plus dâun Ă©crivain autiste a commentĂ© lâĂ©cart quâil a connu dans son enfance entre la parole et lâĂ©criture â le mot Ă©crit peut avoir un sens indĂ©pendamment de la parole (Lawson 1998, Williams 1992, Blackman 1999). Les personnes autistes peuvent devenir trĂšs expertes dans les systĂšmes de symboles spĂ©cialisĂ©s tels que les rĂšgles de diapositives ou les langages informatiques, avant dâavoir compris le flux et le reflux de la parole.
Un environnement informatique supprime certains des aspects les plus difficiles de la communication et la rend beaucoup plus rĂ©alisable. Les jeux de rĂŽle peuvent aider Ă dĂ©velopper des compĂ©tences plus pragmatiques; beaucoup sont disponibles pour jouer en ligne, ou ils peuvent ĂȘtre jouĂ©s sans ordinateur en utilisant des paquets spĂ©ciaux de cartes. Les Ă©vĂ©nements qui sont virtuellement vĂ©cus ont de nombreuses propriĂ©tĂ©s partagĂ©es avec des Ă©vĂ©nements de la vie rĂ©elle; ils susciteront les mĂȘmes rĂ©actions Ă©motionnelles et prĂ©senteront les mĂȘmes types de problĂšmes et dâopportunitĂ©s dans une sphĂšre dâinteraction et de coopĂ©ration mutuelles. Mais ces Ă©vĂ©nements ont des rĂšgles claires et explicites, et les relations nâont pas Ă durer plus longtemps que le jeu, bien quâelles puissent le faire, car bien sĂ»r de vraies personnes jouent. Ceux-ci peuvent donc ĂȘtre une source fructueuse de compĂ©tences sociales pour les enfants autistes linguistiquement capables dans un climat social relativement gĂ©rable, non rejetant et juste.
Les enfants dominateurs ou dictatoriaux sont aussi susceptibles dâĂȘtre rejetĂ©s que quiconque, bien que son impact ne puisse pas les effrayer (rappelez-vous lâeffet engourdissant discutĂ© ci-dessus, Baumeister 2005). Ce type de comportement conduit souvent Ă exclure les enfants autistes de lâĂ©cole. Un problĂšme rĂ©current pour les enfants autistes est de relier le prĂ©sent Ă lâavenir; ils ont du mal Ă garder Ă lâesprit des Ă©tats alternatifs simultanĂ©ment, comme vous en avez besoin si vous voulez saisir lâidĂ©e des consĂ©quences. Les organigrammes de rĂ©sultats sur un ordinateur ou PowerPoint interactif montrant aux enfants les consĂ©quences potentielles de leurs actions peuvent ĂȘtre trĂšs utiles. De nouvelles options peuvent ĂȘtre ajoutĂ©es Ă tout moment Ă ces tableaux de choix. Les consĂ©quences souhaitables pour lâenfant, pour les autres enfants ou pour les adultes peuvent ĂȘtre Ă©noncĂ©es Ă cĂŽtĂ© de leurs contraires. Ces mots peuvent ĂȘtre complĂ©tĂ©s par des images, et la couleur peut ĂȘtre utilisĂ©e pour ajouter une couche supplĂ©mentaire de sens dans lâorganigramme ou le spectacle. Les rĂ©sultats indĂ©sirables peuvent ĂȘtre barrĂ©s.
Tous les enfants autistes devraient avoir leur propre dossier sur un ordinateur de lâĂ©cole (sauvegardĂ© sur une clĂ© USB personnelle), contenant un tableau de choix ainsi quâun passeport personnel (voir ci-dessous). Lâenseignant ou lâassistant de lâenseignant ne doit pas rĂ©quisitionner la tĂąche de faire cela, mais doit soutenir la crĂ©ation du tableau et sâassurer que le flux reprĂ©sente la rĂ©alitĂ© en impliquant lâenfant autant que possible dans le processus. Sans appropriation du processus, son rĂ©sultat peut signifier peu ou rien pour lâenfant. IdĂ©alement, une fois quâun fichier de choix et de rĂ©sultats est crĂ©Ă©, quelques minutes devraient ĂȘtre consacrĂ©es chaque jour Ă examiner ses Ă©vĂ©nements et Ă les localiser sur le graphique, ou Ă modifier le graphique en consĂ©quence. Certains enfants peuvent aimer sâattribuer une note pour les rĂ©sultats de chaque jour; encore une fois, ils devraient sâapproprier le processus, mais ils peuvent avoir besoin de conseils pour sâassurer que ces scores reflĂštent la rĂ©alitĂ© de ce qui sâest passĂ©. Une proportion de ces enfants peuvent ne pas apprĂ©cier lâintĂ©rĂȘt de reprĂ©senter ce qui sâest rĂ©ellement passĂ©, ou peuvent avoir lâimpression quâils peuvent rĂ©parer les choses dans le monde en changeant sa reprĂ©sentation. Le fait est que cela les aide Ă rĂ©flĂ©chir Ă ce quâils font rĂ©ellement, ont fait et feront. Une fois la rĂ©flexion rĂ©alisĂ©e, lâautorĂ©gulation devient possible. La crĂ©ation dâun passeport personnel, Ă lâaide dâun programme PowerPoint, par exemple, peut Ă©galement encourager la conscience de soi et renforcer la confiance en soi et la capacitĂ© de participer. Ce logiciel largement distribuĂ© a Ă©tĂ© Ă©crit pour les hommes dâaffaires sans connaissances techniques spĂ©cialisĂ©es et est exceptionnellement facile Ă utiliser. Câest un choix populaire pour autonomiser les personnes ayant des troubles dâapprentissage de toutes sortes (voir Murray et Aspinall, 2006) parce que câest si facile et si flexible. Vous pouvez incorporer des images, des sons, des vidĂ©os et autant ou aussi peu de texte que vous le souhaitez. Le choix et la modification des formats graphiques se font Ă©galement simplement. Cette approche a Ă©tĂ© utilisĂ©e chez les jeunes atteints du syndrome dâAsperger, qui ont une bonne Ă©locution mais gĂ©nĂ©ralement de faibles compĂ©tences sociales (Haugh, 2006). Ils lâont utilisĂ© pour prĂ©senter leurs histoires personnelles, leurs aspirations et leurs angoisses Ă dâautres personnes. Tout comme les hommes dâaffaires, ils trouvent quâune prĂ©sentation PowerPoint peut faire bonne impression et transmettre beaucoup dâinformations. Donner aux jeunes une chance de contrĂŽler la façon dont ils sont reprĂ©sentĂ©s peut transformer Ă la fois la façon dont ils sont vus par les autres et la façon dont ils se voient eux-mĂȘmes. Les personnes qui ne parlent pas peuvent bĂ©nĂ©ficier encore plus que les autres dâun tel contrĂŽle (voir www.gettingthetruthout.org et Murray & Aspinall, 2006).
Ătre capable de contrĂŽler la façon dont vous ĂȘtes reprĂ©sentĂ© est Ă©galement une caractĂ©ristique de lâinteraction personnelle sur Internet. Les groupes dâintĂ©rĂȘt et les sites Web spĂ©cialisĂ©s peuvent ĂȘtre une excellente ressource pour les personnes ayant des passions de toutes sortes. MĂȘme lâenfant le plus aliĂ©nĂ© peut trouver de la compagnie et une communautĂ© dâapprĂ©ciation sur Internet. En plus de trouver des groupes dâintĂ©rĂȘt consacrĂ©s Ă thomas le moteur de char, aux services de tramway Ă travers le monde ou Ă la structure de lâADN, les jeunes autistes peuvent Ă©galement profiter de lâaccueil respectueux et sans jugement quâils recevront sur Internet de la part dâautres personnes autistes, sans parler de la fourniture immĂ©diate dâinformations et de soutien sur lâautisme (voir par exemple www.autistics.org ou www.neurodiversity.com). Câest une communautĂ© dans laquelle beaucoup de gens trouvent de lâamitiĂ©, voient leurs contributions valorisĂ©es et rĂ©pondent au besoin de sentir quâils appartiennent. Encore une fois, ce sont de vraies personnes. Tant que toutes les mesures appropriĂ©es ont Ă©tĂ© prises pour assurer la sĂ©curitĂ©, les relations Internet peuvent sâĂ©panouir dans le monde rĂ©el. Nous connaissons beaucoup de ces relations heureuses qui se sont formĂ©es de cette façon, y compris un certain nombre de mariages. (Sur cette question de sĂ©curitĂ©, www.spired.com/guide/law/online.htm est trĂšs utile.)
Ainsi, mĂȘme ceux qui ont les plus grandes difficultĂ©s dans les salles de classe ou les terrains de jeux standard peuvent participer avec succĂšs et contribuer Ă un discours socioculturel dans le bon environnement. Nous suggĂ©rons quâune refonte fondamentale est nĂ©cessaire sur ce qui constitue le « bon environnement » pour les Ă©lĂšves autistes (avec toutes les capacitĂ©s), sans perdre de vue lâobjectif de lâinclusion. Cette refonte doit commencer par lâarchitecture elle-mĂȘme. OĂč pouvons-nous situer ces enfants dans un bĂątiment ordinaire, afin quâils puissent se joindre Ă des activitĂ©s traditionnelles et y Ă©chapper en rĂ©ponse Ă leurs besoins fondamentaux? Comment pouvons-nous leur offrir ces possibilitĂ©s dans un environnement dâapprentissage riche? Comment pouvons-nous les placer de maniĂšre Ă ce que lâendroit soit attrayant pour eux et pour les autres enfants, et Ă©vite la terrible souillure de la stigmatisation?
Traditionnellement, les Ă©coles avaient des bibliothĂšques pleines de livres (câest ce que signifie « bibliothĂšque » aprĂšs tout!). Mais un nouveau modĂšle de bibliothĂšque a Ă©mergĂ© au XXIe siĂšcle (illustrĂ© dans les « magasins dâidĂ©es » de Tower Hamlets voir www.ideastore.co.uk), dans lequel les livres ne sont quâune partie de la scĂšne. Une telle bibliothĂšque peut avoir de grandes fenĂȘtres, un maximum de lumiĂšre du jour, pas dâĂ©clairage fluorescent et une attention particuliĂšre Ă la rĂ©duction du bruit et Ă la maximisation de lâabsorption acoustique. Il dispose de banques dâordinateurs, dâimprimantes et de plastifieuses, ainsi que dâun accĂšs Ă Internet. Il y a une zone douce avec des livres indestructibles; il y a un cafĂ©; et il y a des chambres calmes de diffĂ©rentes tailles hors de lâespace principal. Il y a des tableaux blancs Ă©lectroniques dans chaque piĂšce afin que le travail sur lâordinateur puisse ĂȘtre facilement partagĂ©. Il existe des appareils photo numĂ©riques, des claviers et des enregistreurs audio, avec un logiciel pour Ă©diter les rĂ©sultats. Il existe une technologie adaptative pour rĂ©pondre Ă tous les besoins, ainsi que des jeux informatiques Ă partager. Comme traditionnellement, il existe Ă©galement des outils dâapprentissage tels que des rĂšgles de diapositives, des globes et des squelettes. Dans une piĂšce, il y a un trampoline (pourquoi ne pas avoir une prise pour le surplus dâĂ©nergie?). Il y a une salle sensorielle avec accĂšs au logiciel apaisant et magnifique Reactive Colours © (www.reactivecolours.org), invitant Ă un engagement ludique et intrinsĂšquement gratifiant.
Les enfants autistes (aussi « peu fonctionnels » soient-ils jugĂ©s) devraient ĂȘtre impliquĂ©s aussi pleinement que possible dans la gestion de cette zone dâapprentissage. Ils devraient aider Ă classer les livres et les logiciels et Ă entretenir le matĂ©riel; ils devraient Ă©galement ĂȘtre responsables de sâassurer que le papier est remplacĂ© dans les photocopieurs, et ainsi de suite. Cela ne devrait pas impliquer un grand saut dâimagination de voir que câest exactement le « bon environnement » pour ces enfants, comme indiquĂ© ci-dessus. Câest aussi un environnement qui est attrayant pour les enfants en gĂ©nĂ©ral; câest pourquoi câest la clĂ© de lâinclusion.
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